A partir de 14 ans
// 45 minutes

Ce spectacle met en scène 1/3 du texte Qui a dit qu’il fallait être sage ? anti-manuel de piraterie contemporaine, publié dans son intégralité en février 2025 aux Éditions Théâtrales Jeunesses.

LE TEXTE

Dans ta poche il y a une collection de futurs fringants est un texte poème et manifeste qui s’empare des questions de droits au futur. Après un an de recherche et d’immersion dans un Foyer accueillant des enfants placés, j’avais envie de rendre hommage à ces jeunes qui réussissent à garder l’équilibre dans des vies mouvementés, à ces enfants qui surfent sur des bouts de bois et qui se relèvent de tempêtes si grandes qu’on a du mal à les envisager.

 

LE SPECTACLE

Dans une continuité artistique avec Qui a dit qu’il fallait être sage ?, cette création est destinée à être diffusée hors des plateaux de théâtre, dans des lieux non dédiés. C’est la 2ème commande d’écriture passée à Héloïse Desrivières par Les Scènes du Jura dans le cadre du projet « le théâtre c’est (dans) ta classe ». L’équipe artistique est la même. Le texte et l’interprétation sont encore une fois au cœur du dispositif, l’humour venant percuter le réel par le trouble et l’aventure de ce personnage qui viendra pour surfer dans un espace sans mer, tenir l’équilibre de ce bateau pirate sans voile, contempler les vagues qui s’amoncellent et qu’il faudra traverser pour atteindre un horizon apaisé. Parce que oui, j’y crois, au bout il y a un droit, un droit fondamental, celui de rêver à des futurs fringants.

Extrait du texte

Prairie des gueules ouvertes

Moi le destin je le prends dans mes mains,
je le sers contre moi et je l’embrasse avec la langue.
Oui, comme ça je l’embrasse avec la langue le destin.
Je ne te dégoûte pas quand même ?
Je sais ce que tu penses, et tu as raison.
Je n’ai jamais embrassé quelqu’un avec la langue.
Je ne dis pas la vérité ?
Qu’est-ce que c’est la vérité ?
Une construction sociale non ?
Quelque chose qui nous rassure ?
Et alors ?
Je ne l’ai jamais fait en vrai.
Et alors ?
En faux je l’ai fait cent fois déjà.
Et avec le destin, je ne te raconte pas.
On s’embrasse et la langue tourne, tourne, tourne.
C’est beaucoup mieux que dans un film.
Tu n’imagines même pas dans tes rêves.
Tu veux que je t’apprenne ?
Ne fais pas ton timide.
Ce n’est pas si compliqué d’embrasser le destin.
Le destin ce n’est pas quelqu’un en vrai.
C’est tranquille.
Je t’apprends ?
Tu mets tes deux mains devant le visage,
puis tu descends et tu accroches le col de sa petite chemise saumon, tu le regardes dans les yeux avec fougue et détermination,
tu le ramènes vers toi,
en même temps tu ouvres la bouche,
et tu tournes et tu tournes et tu tournes.
Tu donnes tout.
Après tu laisses le destin respirer cinq minutes et tu lui dis :
« J’ai envie qu’on pirate ensemble un monde nouveau.
Un monde qui ment le moins possible.
Un monde qui bave de tendresse au coin des lèvres.
Un monde qui tourne la langue.
Tu en dis quoi ? ».
Là tu attends que le destin te souris et tu recommences. »