Qui a dit qu’il fallait être sage ?
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« je crie en douce
activez nos langues
qu’elle nous donne les caravelles
je crie furie
je crie majesté
du bout du monde
je crie
plantons la sagesse
dans l’océan déchainé
je crie alchimie
je crie trésor
mes trésors
du bout du monde
je crie
cultivons l’irrévérence
je crie
trésors
trésors
trésors en longue-vue »
Qui a dit qu’il fallait être sage, texte d’Héloïse Desrivières
Intention
Qui a dit qu’il fallait être sage ? Anti-manuel de piraterie contemporaine apprivoise la liberté… une utopie qui mérite d’être tentée. Comme un souffle, comme la grâce, comme l’impossible qui existent dans nos imaginaires.
Ce texte kaléidoscopique est une carte aux trésors qui fait voyager les lecteurs à travers des fragments de lieux oniriques. Ces lieux poétique sont des espaces de doutes et d’inventions. Qui a dit qu’il fallait être sage ? pose la question du vivre ensemble. Peu importe l’échelle, comment faire société ? Sans écraser personne, en écoutant les désirs incompatibles, comment vivre en commun ?
Note de lecture en prologue
« Ce texte est à la fois une pièce de théâtre pirate et un ensemble de trésors cartographiés.
Pour le lire ou le monter, il vous faudra trouver votre propre chemin.
Pour faciliter votre voyage, les trésors sont classés par ordre alphabétique.
Si vous avez un doute sur le protocole littéraire, n’hésitez pas à relire le titre. »

Extrait du texte
« Prairie des gueules ouvertes
Moi le destin je le prends dans mes mains,
je le sers contre moi et je l’embrasse avec la langue.
Oui, comme ça je l’embrasse avec la langue le destin.
Je ne te dégoûte pas quand même ?
Je sais ce que tu penses, et tu as raison.
Je n’ai jamais embrassé quelqu’un avec la langue.
Je ne dis pas la vérité ?
Qu’est-ce que c’est la vérité ?
Une construction sociale non ?
Quelque chose qui nous rassure ?
Et alors ?
Je ne l’ai jamais fait en vrai.
Et alors ?
En faux je l’ai fait cent fois déjà.
Et avec le destin, je ne te raconte pas.
On s’embrasse et la langue tourne, tourne, tourne.
C’est beaucoup mieux que dans un film.
Tu n’imagines même pas dans tes rêves.
Tu veux que je t’apprenne ?
Ne fais pas ton timide.
Ce n’est pas si compliqué d’embrasser le destin.
Le destin ce n’est pas quelqu’un en vrai.
C’est tranquille.
Je t’apprends ?
Tu mets tes deux mains devant le visage,
puis tu descends et tu accroches le col de sa petite chemise saumon, tu le regardes dans les yeux avec fougue et détermination,
tu le ramènes vers toi,
en même temps tu ouvres la bouche,
et tu tournes et tu tournes et tu tournes.
Tu donnes tout.
Après tu laisses le destin respirer cinq minutes et tu lui dis :
« J’ai envie qu’on pirate ensemble un monde nouveau.
Un monde qui ment le moins possible.
Un monde qui bave de tendresse au coin des lèvres.
Un monde qui tourne la langue.
Tu en dis quoi ? ».
Là tu attends que le destin te souris et tu recommences. »
Revue de presse
Kibookin – Conseils de lecture
« Sans écraser personne, en écoutant les désirs incompatibles, comment vivre en commun ? À l’heure où la population est de plus en plus surveillée, pourquoi ne pas désobéir aux règles et ouvrir la voie à la construction d’un monde nouveau ? Et si on faisait voler en éclats tout ce que l’on connaît pour réinventer collectivement un possible, une utopie ? Et quelle place pour la jeunesse dans tout ça ?
Pour répondre à ces questions, l’autrice propose un texte fragmentaire en 53 stations, à la forme résolument contemporaine, qui invite à la lecture commune et à voix haute. Comme dans une chasse aux trésors, il faudra se frayer son propre chemin dans la lecture, car ce livre-jeu peut se lire dans l’ordre, et surtout dans le désordre.«
Télérama
« Ce sont des saynètes théâtrales aux contours poétiques ou des poésies aux contours théâtraux… Des souffles de révolte, d’espoir ou de colère accompagnent ces mots ».
InterCDI – mai/juin 2025
« Désobéissance / Liberté / Obéissance / Utopie. En 52 courts textes, cette pièce puzzle propose une «cartographie de l’utopie » autour du thème de l’obéissance et de son corollaire, la désobéissance. Chaque texte a un titre évoquant une localisation différente en une géographie poétique très évocatrice. La piraterie sert de fil conducteur à cette réflexion sur ce qu’est la « sagesse », l’enfance, la liberté, la vie en société, le débat, le consensus, l’autorité, la soumission aux normes, aux cadres, aux règles. Grâce à une écriture très libre, proche de la prose poétique, l’autrice entend « pirater l’ordinaire » en déployant dans une langue riche, imagée et créative, une déclinaison des facettes de ce que représente le fait d’obéir pour pouvoir faire société. Les métaphores liées à la grammaire, la conjugaison, le langage en général sont nombreuses pour décrire les méandres de l’utopie, les espoirs et les rêves des enfants pirates que nous sommes tous encore un peu. Un kaléidoscope de textes poétiques pour jouer avec les mots et les émotions, à tout âge. » F. D.