à partir de 16 ans
// 1h10

Déesses (je me maquille pour ne pas pleurer) raconte l’histoire d’Astrid, une femme de 30 ans, infirmière en formation et mère en fonction, qui tente de s’en sortir en se raccrochant à la “beauté”. Avec son corps de post-partum et son désir à reconquérir, l’urgence vitale d’Astrid est ici de saisir son propre choc esthétique.

L’histoire prend Astrid au plein un rituel de beauté qui demande pause et patience. Au milieu de ce temps arrêté, dans sa salle de bain, tout redevient possible. A priori seule avec son miroir, elle quitte sa peau d’influenceuse numérique pour devenir prêtresse de salle de bain.

Entre ses produits de beauté qui portent des noms de déesses, Astrid se crée sa propre mythologie résolument contemporaine et ancrée dans la vie. Les frontières se brouillent. La salle de bain devient forêt. Astrid se transforme.

Intention de mise en scène

Durant toute l’écriture du texte, j’ai conçu des costumes et notamment réalisée une robe en moules. Puis, pour donner plus d’impact à mes mots, j’ai commencé à lire mon texte en public. Plus je le lisais, plus le désir de le porter grandissait.

Aussi, je suis aujourd’hui chargée de trois ans de désir de donner corps à ces mots, de poursuivre le geste d’écriture en m’emparant du plateau et me réappropriant la question de la beauté et de la représentation de mon corps. Réinventer la figure de Vénus, changer le regard sur la beauté.

Au plateau, je veux créer un écrin pour les mots. Je veux qu’ils sonnent. L’intention est de créer des chocs esthétiques, par l’alliance du texte et de l’image, rendre l’intime magnifique et allier le grotesque au sublime.

Pour cela la scénographie sera composée d’une multitude de bassines en métal contenant les costumes, des accessoires de jeu, et des matières propices à faire surgir la magie. Lors de l’entrée des spectateurs, je ferai un “wrap” de beauté, autrement dit je m’enroulerai dans du cellophane après avoir recouvert d’algues plastifiantes. Puis le texte commencera sur le tutoriel beauté, dans un corps sarcophage. De cette image forte naitra la stupeur, en contrepoint du texte très aseptisé de la parole de youtubeuse. Le choc de ces deux mondes feront apparaitre le rire de l’absurde.

Un travail sonore important pour faire cohabiter les différentes voix qui apparaissent dans le texte et donner le relief nécessaire aux registres variés du texte. Il sera la ligne de force de la deuxième partie qui traite de l’accouchement. Le son sera prédominant, basé sur le battement du cœur du bébé, sur les respirations et sur des surgissements de voix qui feront entrer un choeur de femmes. Nous avons commencé des expérimentations sur du chant grégorien.
Sur le plateau, les lumières seront celles de la nuit, où commencent à surgir les déesses et où les corps se libèrent des corps qui deviennent des poupons ou des déchets. Le sol s’ouvre, les bougies s’allument, on entre dans le rituel.

Revue de presse

> toutelaculture.com  / Une journée au Festival Traverse ! 17/06/2020, David Rofé-Sarfati
« Et puis il y a la jeune et courageuse Héloise Desrivières. Retenez bien ce nom. L’artiste a du talent et un avenir. Dans Déesses, elle se raconte comme elle s’imagine, alternant le délire et la chose grave. La pièce est le récit clownesque, mais profond, d’une renaissance. Celle d’Astrid, jeune femme qui a eu un enfant pendant ses études et a trouvé dans les cosmétiques le moyen de survivre aux impératifs économiques et sociaux qui pesaient sur elle. En effet, suite au décès de son compagnon pendant la grossesse, elle se retrouve seule, face à elle-même et à la situation pour assumer toutes les nouvelles responsabilités et apprivoiser son corps qui a subi un bouleversement réel. La pièce démarre : Astrid est entièrement wrappée, saucissonnée avec du ruban de cuisine ménager ; ainsi fagotée elle enregistre un tuto de maquillage pour ses abonnées. Pendant ce rituel, elle fait le point sur sa vie et repense à ses trois dernières années de femme, depuis sa grossesse. Elle nous fera rire, pleurer, sourire et nous quittera raffermie par cette grosse heure passée avec nous. Avant, elle aura revêtu sa robe de princesse : une longe toge de mariée avec une traîne recouverte de coquilles de moules. C’est drôle et magique ! »
> Théâtre du blog  / Traverse, Festival itinérant des arts de la parole ! 17/06/2020, Philippe du Vignal
« A la fin de cette performance textuelle, elle apparaît dans une longue robe où elle a cousu des centaines de coquilles de moules qui, en s’entrechoquant, produisent une curieuse nappe sonore. Dans une sorte de cérémonie très intime, elle fait le point sur sa vie. Sur le petit plateau, la jeune femme se raconte avec intelligence. Et il y a cette écriture, violente et douce à la fois, tout à fait intéressante interprétée avec une belle diction, pas très loin de Virginie Despentes. Bref, une sorte de conte de notre époque, portée par une jeune artiste qui règle ses comptes et qui a sans doute encore bien des choses à dire sur un plateau. »