Tombeau, on sait comment ça va finir
// 12 heures
« Tout commence avec mon fil d’actualité sur les réseaux sociaux et le ciblage de l’algorithme… Loin de me proposer des publicités pour des objets de consommation, j’ai droit à l’histoire de toutes les momies retrouvées, les dernières découvertes, le traitement des corps en fin de vie. Déroutant comme ces cadavres embaumés s’immiscent dans mon quotidien.
En parallèle, j’enterre de nombreux proches, et comme “l’écrivaine de la famille” je me spécialise dans l’éloge funèbre. Je pratique l’élégie, j’en cherche les sonorités et les rythmes. Je découvre tout un pan de la littérature. Comment chanter la mort ? Comment écrire ce passage ? Comment verbaliser la finitude et la disparition ?
La mort est un monde d’angoisses, mais c’est aussi un espace politique, car il est tenu sous un silence tel qu’on peut lui faire dire ce que l’on veut. Cependant, la réalité est simple… terrible… Une fois mort·e, mon corps ne m’appartient plus, il n’appartient pas non plus à mes proches, mon corps devient une propriété de l’État qui cadre sa destinée. Sans parler que juste avant, le droit à mourir est encore un espace politique de débat.
À la peur de la mort, à ma fascination pour les corps qui traversent le temps, à la tragédie de l’écrivaine qui se dit “on sait d’avance comment ça va finir”, à la chape de plomb qui recouvre la finitude, aux enjeux politiques de l’héritage et du traitement des morts, à tout cela, je réponds : je créerai du rire, j’explorai le cabaret, j’irai au plus près du vivant.
Format par excellence de symbiose scène – salle, espace de prise de position poétique et politique, monde du fantasme, territoire littéraire de tous les possibles, le cabaret n’est autre que le renversement des mondes. Là où l’ordre des choses est irrationnel, alors peut-être, qui sait, la mort n’aura pas le denier mot.
Je préfère l’électrochoc qui rend le présent impossible et oblige la réflexion à se mettre en marche. Je veux décaler la réalité, l’intime, et la pousser jusqu’au non-sens inéluctable. En abordant avec satyre et irrévérence cet enjeu central qui doit faire face à de nombreuses stratégies d’évitement pour se frayer un chemin dans notre pensée. Une situation telle que celle que nous vivons actuellement oblige à se positionner et à radicaliser le geste artistique. Je veux faire des pilules, qui seront autant de shots délirants et impétueux. » – Intention littéraire d’Héloïse Desrivières
L’ensemble des projets artistiques
• Tombeau, on sait toustes comment ça va finir / texte
> collectages
> masterclass
> objets scéniques
> écriture
• Les objets scéniques autour de la mort
> Recherche pleureur·se·s pour une heure / performance de lecture participative
> Mourir sur scène / cabaret participatif mêlant le réel et la fiction
> Voyage, voyage / commando poétique en EHPAD
> Spectral / pièce radiophonique déambulatoire
> Un petit quelque chose, pour aquamer une partie de soi-même / cérémonie pour mourir à soi-même
> Mourir… un peu, beaucoup, passionnément, à la folie… et pourquoi pas vous ?